Le sarouel arrive en Occident

L’armée des Zouaves, les tirailleurs nord-africains, ont été malgré eux les égéries du sarouel. Arrivé en France au début du XIXème siècle, ce pantalon bouffant, à la coupe ample et fluide, a séduit bien des milieux. Des hippies des années 70, aux icônes du rap, retour sur un pantalon original aux parcours en dents de scie.

Le sarouel arrive en Occident

Le sarouel est originaire d’Asie. Agréable à porter, ample, offrant une liberté de mouvements et couvrant les formes du corps, il est très apprécié par la communauté Nord-africaine ; bédouins, nomades et citadins confondus. La présence française au Maghreb durant sa période coloniale, en particulier en Algérie, a favorisé l’exportation du sarouel sur le Vieux continent.

Les Zouaves : ces ambassadeurs du sarouel malgré eux

Les unités de Zouaves ont été créées en Algérie en 1830 sous le second Empire. Elles tiennent leur nom de la tribu des Zouaouas ("zwawa"), une tribu kabyle dont les hommes avaient rejoint l'infanterie. Les zouaves étaient connus pour leur costume particulier composé d’une veste et d'un gilet courts de couleur bleu foncé, d’une chechiya, de jambières, d’une large ceinture, d’un sarouel bouffant, et parfois même d’un turban. Les tirailleurs d’origine indigène qui combattaient aux côtés des Zouaves portaient eux aussi le même costume, avec des couleurs différentes. Ainsi, que ce soit lors de  la bataille de la Marne ou de la Guerre de Crimée, zouaves et tirailleurs exportèrent le sarouel en France, depuis le front.

Source : https://www.maquetland.com/article-828-armee-d-afrique-4-partie-les-troupes-indigenes-version-francaise-

Un uniforme confortable mais inadapté

Les zouaves ont adopté le sarouel parce qu’il était adapté aux conditions arides du pays.  Le pantalon bouffant était le vêtement idéal : large, il laissait l’air circuler librement. La veste courte était plus agréable à porter et plus fraîche que les longues chemises de laine dont étaient vêtus les soldats des autres infanteries. Si le pantalon est le symbole fort de l’uniforme zouave, la culotte bouffante n'est guère aaptée aux combats et sera abandonnée pour un pantalon sans entrejambe et beaucoup moins large ; la "culotte russe". Les gilets et les vestes courtes laissent place à la veste de coupe européenne, et la chechiya est détrônée par  le casque adrian.

Source : Wikipédia

Le sarouel : symbole des hippies

Le mouvement des hippies naît d’une idée de détachement de toute forme de surconsommation. Nous sommes dans la période des 30 glorieuses, de 1946 à 1975, où la société de consommation de masse bat son plein. Pour se démarquer des autres, ils vont adopter alors un style vestimentaire complétement différent de l'époque. Fleuri et original. Sarouels, pantalons pattes d’éléphant, chemises à fleurs, sautoirs, spartiates et compagnie, sont l'apanage du costume hippie de l'époque.

Le sarouel de Mc Hammer

Le sarouel a été aussi adopté par une icône du rap des années 80. D’ailleurs, aujourd’hui encore on parle du “sarouel de Mc Hammer”. Cet artiste a osé revisiter le sarouel en le customisant à sa sauce : coupe large, couleurs africaines, couleur dorée...

Source : Pinterest

Son style séduit, et est sitôt adopté par ses nombreux fans, des années 80 aux années 90. Si son côté original et déluré les avait conquis, le sarouel tombera très vite dans l’oubli, dès que Mc Hammer disparaîtra de la scène. Ringard, démodé, dépassé,  le pantalon bouffant s’évaporera aussi vite qu’il est arrivé.

C’est ainsi que le sarouel arriva en Europe, par le biais des zouaves, et des tirailleurs aussi. Que ce soit en Crimée, en France, ou en Afrique du Nord, l’uniforme de l’armée de l’Afrique a marqué les esprits ; et ce, jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs on a tous en tête cette fameuse image du pot de Banania, avec le Zouave Africain * en photo. Sourire aux lèvres. Le sarouel, y’a bon )).

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*On a pour coutume d’attribuer le terme “zouave” à une connotation négative. Ici, loin s’en faut. Il s’agit uniquement et simplement du nom donné aux soldats qui composaient l’armée portant le même nom.